Documents  Stora, JeanBenjamin | enregistrements trouvés : 1

Extrait:

"Je propose d'aborder dans cet ouvrage toutes les dimensions de la problématique de la greffe d'organes avec le souci constant de m'adresser aux patients, aux médecins, aux chirurgiens et au personnel soignant, aux futurs greffés qui souhaitent connaître le destin de leurs soeurs et frères face à l'inconnu, aux spécialistes et au public soucieux de s'informer d'un sujet encore peu abordé par les psychanalystes et psychosomaticiens.
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Voici quelques-unes des interrogations qui ont sous-tendu ce travail.
1. Au terme de quelle aventure les médecins sont-ils arrivés à greffer avec succès un organe? La littérature et les fantasmes de nombreux penseurs et créateurs ont-ils aidé à développer les techniques de greffe? Une analyse de ces rêves millénaires nous aidera à comprendre la longue maturation de la technique de la greffe humaine.
2. Quelles sont les indications et contre-indications des greffes? Les êtres humains qui arrivent à la greffe ont déjà parcouru un long chemin et ils ont traversé beaucoup d'épreuves stressantes : annonce du diagnostic, inscription sur la liste d'attente, choc de l'opération, phase de réanimation, et affrontement de l'inconnu postgreffe.
3.Quelle est la vie des greffés après l'opération? Suivi postopératoire, astreintes hospitalières, stress post-traumatique, épisodes de rejet, observance et non-observance des prescriptions, complications à long terme et leur prévention, chimérisme somatique et chimérisme psychique (allusion à la fusion possible des deux systèmes immunitaires, celui du greffon et celui de la personne greffée).
4. Qui sont les donneurs; donneurs décédés et donneurs vivants? Accepter le don d'une greffe sans connaître le donneur, relations psychologiques entre donneurs vivants et futurs greffés, la manifestation du contre-don.
5. Quelle qualité de vie après la greffe? Les patients développent des liens d'attachement affectifs conscients et inconscients au personnel soignant et au corps médical. La greffe rend fragile l'équilibre psychosomatique de ces patients à vie, et leur dépendance est particulièrement grande. Les chirurgiens et médecins sont très peu préparés psychologiquement à suivre sur de longues durées de tels patients; je propose, en conséquence, qu'ils bénéficient d'un complément de formation psychologique et que des psychologues ayant la qualification de psychosomaticiens soient recrutés par les services de transplantation d'organes.
De nombreuses questions sont posées par les patients sur le futur immédiat postgreffe : la qualité de vie s'améliore-t-elle du fait d'un meilleur fonctionnement somatique dû à la greffe? Les femmes transplantées rénales, cardiaques peuvent-elles sans risque désirer des enfants et supporter une grossesse? Conséquences de la transplantation sur l'environnement familial et sur la vie de couple, vie professionnelle , etc.
6. En conclusion, puisque les médecins ont pris certaines des responsabilités du créateur en s'identifiant à sa toute-puissance, j'aborderai la dimension éthique : lois de bioéthique et décalogue: recours aux donneurs vivants (père, mère, frère, soeur, mari, épouse, enfant, etc.), trafics et ventes d'organes, clonage etc. Nous sommes à l'orée de la vie d'une nouvelle humanité, dont les clones seront l'enjeu comme futur banque d'organes. (p. 12-14)