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Extrait:
"Ce qui est très absorbant quand on est atteint d'une maladie mortelle, c'est qu'on passe un bonne partie de son temps à se préparer à la mort avec une petite dose de stoïcisme (et à prendre des dispositions pour ceux qu'on aime), tout en s'intéressant simultanément et vivement au boulot consistant à survivre. C'est un mode de vie extrêmement bizarre - hommes de loi dans la matinée et médecins dans l'après-midi - et qui signifie qu'on doit vivre, encore plus que d'habitude, dans un cadre intellectuel qui est double. C'est également vrai, semble-t-il, pour ceux qui prient pour moi. Et la plupart d'entre eux sont juste aussi religieux que le type qui veut que je sois torturé en ce bas monde - ce que je serai même si, finalement, je guéris - et qu'ensuite je sois torturé à jamais par-dessus le marché si je ne guéris pas ou même, probablement et pour finir, si je guéris." (p. 20)
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"Christopher avait l'ambition d'être parmi les 5 à 20% de malades pouvant guérir (les probabilités variaient selon le docteur auquel nous parlions et la façon dont étaient interprétées les images de scanner). Sans jamais se faire d'illusions sur son état, sans jamais me permettre de m'en faire sur ses chances de survie, il réagissait à chaque petite bonne nouvelle, clinique ou statistique, par un espoir total, digne d'un enfant. Sa volonté de garder intact son existence, de rester engagé, avec son intensité quasi surnaturelle, était spectaculaire." (Extrait du texte de Carole Bleue, p. 103).

Témoignage de Christopher Hichens, auteur et intellectuel engagé, décédé en décembre 2011 d'un cancer de l'oesophage.