Documents  Fischer, Gustave-Nicolas | enregistrements trouvés : 5

Cet ouvrage cherche à rendre compte des mécanismes de survie à travers la diversité des paroles que nous avons recueillies: paroles de survivants, paroles de malades pris directement dans l'épreuve, paroles de souffrance et de vie, paroles de déréliction et d'espoir, paroles de l'humain au coeur de l'inhumain, paroles de survie au fond de la vie. Ce livre montre également le lien existant entre situation extrême et situation ordinaire en considérant l'extrême comme un révélateur de la vie la plus quotidienne où l'humain et l'inhumain se côtoient également.

Verso couverture:

"Partant de l'expérience des rescapés des plus grands traumatismes, ce livre nous invite à guérir des blessures psychiques que peuvent laisser les événements, extraordinaires ou ordinaires, de l'existence.
Car dépasser la détresse et surmonter la souffrance est toujours possible. Contre les systèmes d'aide artificiels, souvent plus nocifs qu'efficaces, c'est un travail personnel que propose ici Gustave-Nicolas Fischer, où la mémoire et la parole, la réparation et le pardon permettent de s'affranchir du passé et de vivre pleinement le présent."

Extrait:

"Les fragments que j'ai recueillis, souvent dans le déchirement et le désespoir, n'ont d'autre but que de prendre la mesure des bouleversements psychiques. Ils feront découvrir la profonde détresse des survivants. Ce sont les larmes invisibles de leurs blessures, leur façon de pleurer sur leur vie perdue.
Ils nous emmèneront dans un voyage au bout de la nuit, dans cette zone obscure d'où ils ont réchappé, mais où les frontières entre l'humain et l'inhumain se sont estompées. Ils sont les témoins de cette expérience- là; celle où l'humain révèle en lui la capacité de devenir inhumain.
Cette réflexion sur les blessures psychiques soulève donc une question fondamentale: celle de l'étendu du mal que les humains s'infligent les uns aux autres, c'est-à-dire celle de l'aptitude de l'humain à se retourner et è devenir inhumain. Les blessures psychiques en sont la mémoire souffrante.
Mais ce livre sur les blessés est aussi un livre sur la vie; dans chaque rescapé, dans chaque survivant, il reste, en dépit de son malheur, une toute petite étincelle au fond de son âme, cette part de lui-même si minime soit-elle, qui est encore intacte et qui lui permettra peut-être de repartir, même de manière chancelante.
Ces vies brisées contiennent donc en elles des forces pour revivre, même si elles nécessitent, dans bien des cas, de coûteux efforts et de difficiles apprentissages. Au fil des pages, nous découvrirons que chacun a en lui un potentiel de vie, parfois ignoré et inexploité, souvent vulnérable et fragile, mais qu'il lui appartient de mobiliser pour revivre.
Les blessés portent les lambeaux de leur vie en bandoulière; mais parce qu'ils ont été si durement touchés, c'est leur blessure même qui peut devenir paradoxalement leur ressource, leur ressource insoupçonnée pour continuer à vivre et même pour reconstruire leur vie.
Dans ce sens, ils nous livrent un message sur la vie et une interrogation sur nous-même.
En nous mettant à l'écoute de ces vies bouleversées, nos avons tous beaucoup à apprendre: d'abord sur la vie, sur nous-mêmes, sur l'humain et l'inhumain qui est en nous, sur tout le mal que nous pouvons nous faire les uns aux autres, mais aussi sur les infinies ressources que nous avons en nous pour surmonter des expériences aussi traumatisantes, repartir malgré tout, refaire de la vie avec la part détruite de nous-mêmes.
C'est pourquoi cet ouvrage n'est pas seulement une réflexion sur les blessures psychiques ; la question à laquelle il nous renvoie, c'est celle de la vie elle-même: pour que nous nous souvenions de quoi nous sommes faits et que nous apprenions à vivre, à vivre en humains." (p. 8-10)

Extrait:
"Je proposerai dans ce livre une orientation nouvelle et relativement récente en psychologie, qui aborde cette question: le pardon. Mais le pardon a-t-il vraiment à voir avec la psychologie?
Sa place et sa compréhension, en tant que démarche thérapeutique restent une question difficile. Cependant il confronte à un enjeu crucial: peut-on vraiment guérir un jour de son ressentiment et de sa haine, c'est -à-dire du mal qui nous a été fait, si on ne pardonne pas? C'est tout l'objet et le sens de ce livre.
La psychologie du pardon possède un caractère singulier sur le plan thérapeutique: pardonner peut constituer une réponse à la haine. Un tel regard sur le drame intérieur des victimes mettra en lumière un aspect souvent ignoré aujourd'hui : le pardon est un chemin qui libère du passé traumatique en agissant sur ce symptôme tout à fait spécifique des blessures psychiques qu'est la haine éprouvée envers celui ou celle qui nous a fait du mal, et qui est désormais en soi.
...
Plus largement, ce livre est une méditation psychologique sur nos forces intérieures à mobiliser pour guérir de nos blessures les plus profondes.
En abordant ici cette question difficile mais existentielle qui se pose à chacun dans sa vie, nous saisirons peut-être un peu mieux une autre dimension des brisures psychiques et la ressource insoupçonnée que représente le pardon comme processus thérapeutique." (p. 12-13)

Extrait:
"Cet ouvrage cherchera à éclairer le bien-fondé d'un tel apport en montrant ce qu'on sait aujourd'hui du point de vue psychologique sur cette maladie. Que nous donne à comprendre aujourd'hui la psychologie par rapport au cancer? Et à quoi sert-elle dans une telle situation? D'abord, existe-t-il des facteurs de risque psychologiques de nature à déclencher ou à favoriser le développement d'un cancer? Depuis longtemps déjà, des données recueillies par des praticiens, les témoignages de malades mais aussi les conclusions de nombreuses recherches tendent à montrer l'existence de facteurs de risque psychologiques. Qu'en est-il exactement?
Ensuite, comment est vécue l'expérience d'être cancéreux? Quelles sont les caractéristiques et les conséquences psychologiques du cancer? Quelle est la valeur de l'adaptation psychologique? Quelle est l'importance du soutien psychologique du malade? Voilà d'autres questions qui montrent que le cancer est aussi une expérience qui ressemble à un voyage "vers le côté nocturne de la vie", comme l'a écrit la romancière Susan Sontag.

Enfin, quelle aide les psychologues, mais aussi les soignants, peuvent-ils apporter aux malades? Et quelle est l'importance du psychisme dans la guérison? Quel est en définitive l'apport de la psychologie sur la question du cancer? À travers les analyses et les réflexions proposées ici, il s'agira avant tout de transmettre à toutes celles et ceux directement touchés par cette maladie la compréhension, l'aide et le soutien que la psychologie peut leur apporter. Il s'agira plus largement de sensibiliser les médecins et les soignants à leur propre tâche de traiter non seulement une maladie, mais aussi de soigner des malades qui n'ont pas seulement un cancer, mais qui sont cancéreux." (p. 11)

L'auteur est psychologue spécialiste en psychologie de la santé. Il exerce à Montréal et à Genève.